Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind BREV TIL: Bülow, Carl Ernst Johan FRA: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind (1866-06-05)

Udenrigsminister Grev Frijs til General Bülow, Gesandt i
London
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Confidentielle.
Copenhaque, 5 juin 1866.

Monsieur le Général.

Vous vous rappelez les paroles avec lesquelles le comte Russell accompagna la proposition que de concert avec les autres puissances il mit en avant dans la séance du 28 mai des conférences de Londres: 1) »A moins de pouvoir poser les bases d’une paix solide et durable«, disait Sa Seigneurie, »il n’est pas de la compétence des puissances neutres de renoncer au traité solennel par lequel elles ont reconnu l’intégrité de la monarchie danoise et elles ne pourraient non plus concourir à un nouvel arrangement qui serait insuffisant pour l’Allemagne ou humiliant pour le Danemark«, — et lorsque la conférence alla se séparer sans avoir abouti à un résultat, Lord Russell parlant au nom des puissances neutres et faisant allusion aux hostilités qui allaient recommencer s’exprima en ces termes: »Quelle qu’en soit l’issue, les cours de France, de Grande Bretagne, de Russie et de Suède n’en restent pas moins animées du sincère désir de voir la monarchie danoise maintenue dans son indépendance, la conservation de cet état constituant un élément de l’équilibre du Nord. Leur voeu en se séparant est que ce principe demeure la base des négociations futures«.

Depuis le jour où le chef actuel du cabinet anglais prononça ces paroles, une paix a été imposée au Danemark dont les dispositions sont aussi désastreuses pour son avenir que humiliantes pour son patriotisme. La Prusse qui avait nié le droit du Roi de Danemark à la succession dans les duchés vient de déclarer qu’après un mûr examen elle reconnaît qu’avant la guerre et abstraction faite du traité de Londres, le Roi de Danemark réunissait dans Sa personne le plus de droits à cette succession. Les puissances allemandes avaient invoqué »les suffrages indubitables de l’immense majorité de la population«, qui seraient acquis au principe s. 186de la séparation du Danemark, mais à l’heure qu’il est personne ne doute qu’une grande partie de la population du Slesvig regarde cette séparation comme une grande calamité. Il n’en est pas moins vrai que le Danemark reste dépouillé non seulement du Holstein et de la partie du Slesvig qui peut avoir des dispositions à suivre le sort du premier duché mais aussi de l’autre partie de l’ancienne province danoise, qui se sent attachée au royaume par ses sympathies nationales et ses intérêts matériels, et dont la possession est indispensable à l’existence indépendante de l’état danois.

Le moment paraît arrivé où, conjointement avec les autres puissances neutres, au nom desquelles Lord Russell prit les réserves que je viens de citer, l’Angleterre sera appelée à s’occuper de nouveau de la question. Le gouvernement du Roi aime à croire que le cabinet anglais saura maintenir dans un nouveau concert européen les principes qu’il a établis lui-même. S’il faut renoncer à réclamer les conséquences de ces principes dans toute leur étendue, si nous ne pouvons pas espérer que le gouvernement britannique insiste aujourd’hui pour nous faire rendre la frontière que les plénipotentiaires de la Reine aux conférences de Londres, d’accord avec les plénipotentiaires des puissances neutres, avaient reconnue nécessaire à l’indépendance du Danemark, je suis convaincu pourtant que le Ministre des Affaires étrangères reconnaîtra qu’il n’y a pas d’indépendance possible pour le Danemark, tant que le Dybbel et l’île d’Als resteront entre les mains de l’Allemagne et que les besoins commerciaux de l’état sont gravement compromis tant que la ville de Flensbourg n’est pas rendue au système commercial auquel elle appartient.

Je vous prie, Monsieur le Général, de vous énoncer dans ce sens au Ministre des Affaires étrangères lorsque vous lui remettrez la dépêche identique que je vous ai adressée aujourd’hui.

Koncept med P. Vedels Haand. — I Randen staar: ved Coureer, Vald. Schmidt. Afskrift til Kongen. Afskrift til Paris.