Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon BREV TIL: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind FRA: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon (1867-03-01)

Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i Paris, til Udenrigsminister Grev Frijs.
Paris, Ier mars 1867.

Monsieur le Comte,

A la suite de la demande faite par le cabinet des Tuileries auprès de celui de Berlin touchant l’affaire du Slesvig du Nord et dont j’ai eu l’honneur d’entretenir Votre Excellence dans mon très humble rapport du 23 février dernier, M. de Bismark a déclaré à M. Benedetti: »qu’il était assurément dans ses intentions de remplir les obligations contractées par la Prusse en vertu de l’article V du traité de Prague; qu’il avait même laissé le Slesvig du Nord participer aux élections pour le parlement afin que leur résultat pût servir de moyen d’influence sur celui-ci qui aurait à décider du mode et de l’époque à laquelle les populations des districts du nord du Slesvig pourraient être appelées à se prononcer sur leur sort futur«.

s. 375Telle est à ce que m’a dit hier M. le Ministre des Affaires étrangères, la réponse du cabinet de Berlin. De l’avis de M. de Moustier la question ne serait ainsi pas entrée dans une phase nouvelle — elle n’aurait fait un pas ni en avant ni en arrière et l’impression du Ministre est que M. de Bismark tient toujours à remplir les obligations contractées vis-à-vis de la France mais dans les limites les plus restreintes possibles. J’ai profité de cet entretien avec M. de Moustier pour lui soumettre, comme une idée toute personnelle, celle dont j’avais déjà fait part, il y a quelque temps à MM. de Saint Vallier et Desprez et d’après laquelle le Danemark pourrait afin de faciliter une solution loyale et équitable de la question, s’engager vis-à-vis de la Prusse à ne pas fortifier les points de Düppel et d’Als si ceux-ci lui étaient restitués. — »Il est probable, dis-je au Ministre, qu’un tel engagement, n’aurait pas grande prise sur M. de Bismark, mais il serait au moins de nature à combattre l’argument, mis en avant à Berlin contre la rétrocession de ces parties exclusivement danoises du Slesvig«. — Vous avez bien raison de douter, me répondit-il, qu’une promesse de cette nature pût avoir quelque prise sur M. de Bismark, et d’ailleurs qu’est ce qui en aurait sur lui? Sans que Düppel & Als aient été nommés M. de Bismark a fait encore dans la circonstance présente des restrictions et réserves qui ne peuvent se rapporter qu’a ces deux points, que la Prusse est fermement résolue, vous ne l’ignorez pas, à ne point vous rétrocéder.

L. Moltke-Hvitfeldt.

Modtaget 4. Marts 1867.