Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon BREV TIL: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind FRA: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon (1867-03-16)

Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i Paris, til Udenrigsminister Grev Frijs.
Paris, 16 mars 1867.

Monsieur le Comte,

J’ai exactement reçu les dépêches Nr. 2 & 3 que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’adresser sous la date du 27 février dr.

s. 392J’ai eu l’occasion d’entretenir hier soir M. le Ministre des Affaires étrangères de la question que vous avez traité, M. le Comte, dans ces deux pièces. J’ai nommément appelé l’attention de M. de Moustier sur l’importance et la portée des élections récentes dans le Slesvig du Nord, dont le résultat fournit une preuve si convaincante des véritables aspirations de ces populations. Ayant ajouté que Votre Excellence m’avait fait parvenir un exposé des points principaux qui nous intéressent dans ces élections, monsieur de Moustier m’exprima le désir d’en prendre connaissance et je profiterai donc de l’autorisation que Votre Excellence m’a donnée de la communiquer confidentiellement.

Suivant le désir que Votre Excellence m’en exprime j’ai abordé ensuite avec M. le Ministre des Affaires étrangères le sujet principal de la dépêche Nr. 3. J’ai dit confidentiellement à monsieur de Moustier que d’après des renseignements parvenus à Copenhague le cabinet prussien aurait l’intention, aussitôt que la constitution aurait été votée par le parlement du nord de chercher à obtenir une reconnaissance de la part des grandes puissances européennes de l’exécution de cette partie de la paix de Prague. — Je demandai au Ministre s’il avait connaissance de la probabilité de ce fait qui pourrait peut-être offrir à la France et aux autres puissances une occasion opportune d’insister auprès du cabinet de Berlin en faveur d’une exécution loyale de l’article V du traité de Prague. — M. de Moustier me répondit dans les termes les plus catégoriques que l’éventualité dont je lui parlai ne lui était pas connu, qu’il n’en avait entendu dire un seul mot d’aucun côté et qu’elle lui paraissait fort peu probable. En présence de cette réponse, j’ai cru devoir ajourner à un moment plus favorable et à une époque où les projets du cabinet de Berlin seraient plus nettement accentués, d’entretenir monsieur de Moustier des démarches que nous pourrions désirer voir faire par le gouvernement impérial en notre faveur.s. 393Votre Excellence n’ignore pas que monsieur Benedetti est à Paris depuis quelques jours. Monsieur de Moustier m’a dit hier qu’il avait tout récemment encore adressé à cet Ambassadeur une dépêche renfermant des observations sur la réponse faite, en dernier lieu, par monsieur de Bismark aux demandes françaises sur les intentions du gouvernement prussien relativement à l’exécution de l’article V. Cette dépêche n’était toutefois pas destinée à être communiquée au cabinet de Berlin & M. de Moustier ignorait même si monsieur Benedetti l’avait reçue avant son départ pour Paris.

L. Moltke-Hvitfeldt.

Modtaget 25. (23? ) Marts 1867.