Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind BREV TIL: Quaade, George Joachim; Falbe, Christian Frederik; Vind, Carl Rudolph Emil FRA: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind (1867-09-05)

Udenrigsminister Grev Frijs til Gesandterne i
Berlin, London og Wien og til Chargés d’affaires i Paris og St. Petersborg
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Copenhague, 5 septembre 1867.

Monsieur.

Les résultats des élections qui ont eu lieu dans le Slesvig le 31 du mois passé sont maintenant connus. Au premier coup d’oeil on pourrait croire que le parti danois a subi une défaite puisqu’il n’enverra désormais qu’un seul représentant au parlement allemand; mais tous ceux qui se donneront la peine d’examiner les choses avec un peu d’attention se convaincront facilement que les partisans de la cause danoise, loin d’être diminués en nombre ou démoralisés par la pression sous laquelle ils souffrent, ont de nouveau et avec encore plus de force manifesté leur dévouement inaltérable à leur ancienne patrie.

Vous savez sans doute que le gouvernement prussien après le résultat de la dernière élection a complètement remanié le second cercle; car il en a détaché le Sundeved et l’île d’Als dont les habitants à la presque unanimité avaient voté pour M. Ahlmann, et la perte de voix (c. 6000) qu’a subie par-là le parti danois dans le second cercle, était bien loin de se trouver contrebalancée par l’adjonction de Aabenraa moins encore par celle de quelques districts allemands, de sorte que la grande majorité de l’Anglie ne pouvait manquer de décider l’élection en faveur du candidat allemand. Il faut encore observer qu’une grande partie de la jeune population mâle, pour éviter de servir sous un drapeau qu’elle persiste à regarder comme étranger, a, depuis la première élection, quitté le Slesvig pour s’établir en Danemark; on peut en évaluer le chiffre à plusieurs milliers. La pression exercée par les nombreux fonctionnaires qui, presque sans exception, depuis le plus grand jusqu’au plus petit ont été nommés par le gouvernement actuel, n’a certainement pas perdu de son énergie, et on prétend que s. 579même les soldats prussiens, autrefois exclus du vote, ont cette fois été admis à l’urne électorale.

Malgré toutes ces circonstances, M. Ahlmann a pu réunir 7618 voix, seulement 955 de moins que M. Kraus, le candidat victorieux, et il est curieux d’observer que le parti prussien dans le sentiment de sa faiblesse a dû renoncer à poser un candidat de sa propre couleur et qu’il a voté pour un partisan aussi décidé du prétendant augustem- bourgeois que M. Kraus.

Quant au premier cercle, M. Kryger y a remporté une victoire éclatante sur M. Kjer qui à la première élection avait 3700 votes, et cette fois n’en réunit guère que 2000. Dans le quatrième cercle tous les détails de l’élection ne sont pas encore connus; le candidat allemand a été élu, mais M. Detleffsen auquel le parti danois a donné ses voix a obtenu, comme la dernière fois, une immense majorité dans les districts septentrionaux du cercle et beaucoup plus de voix dans les autres districts que le 12 février; il avait alors 2538 voix et cette fois-ci au moins 1200 de plus.

Ce qui est pour moi le point le plus intéressant dans les dernières élections, c’est que la ligne que j’avais tracée sur la carte du Slesvig dans un mémoire que je vous ai expédié le 5 août de l’année passée, comme la limite des districts où l’élément danois était en forte majorité, et qui s’était déjà montrée exacte dans l’élection précédente, se trouve confirmée en tout point par cette nouvelle expérience. A l’exception de Tonder et de Hoyer le parti danois est en majorité dans tous les districts au nord de cette ligne, et même dans le bourg de Lögumkloster et la paroisse de Ravstedt qui aux élections du 12 février avaient donné une faible majorité aux candidats allemands, le parti danois a repris cette fois le dessus. Que les habitants de cette partie du Slesvig aient de nouveau fait preuve de leur amour pour le Danemark, que le traité de Prague leur ait donné le droit d’attendre leur réunion prochaine à leur ancienne patrie, et s. 580que le gouvernement du Roi ait le devoir et le droit de faire tout son possible pour seconder leurs voeux, ce sont là des vérités qu’aucun homme impartial ne saurait contester.

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Veuillez, M., vous laisser guider par ces observations dans les conversations que vous aurez avec M. le Ministre des Affaires étrangères et avec vos collègues.

Koncept med. Rettelser af P. Vedel.