Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon BREV TIL: Rosenørn-Lehn, Otto Ditlev FRA: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon (1870-07-25)

Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i Paris, til Udenrigsminister Baron Rosenørn-Lehn.
Paris, 25 juillet 1870.

Monsieur le Baron.

Pendant que j’adresse ce très humble rapport à Votre Excellence, la question de la nomination du prince Napoléons. 557est débattue au Conseil des Ministres à St. Cloud sous la présidence de l’Empereur. Il me sera peut-être possible d’apprendre le résultat des délibérations assez à temps pour pouvoir le mander à Votre Excellence encore aujourd’hui.

Au ministère de la marine, d’où je reviens à l’instant, on m’a affirmé positivement qu’il était faux que l’escadre placée sous les ordres de l’amiral Fourrichon eût embarqué des troupes sur la côte d’Afrique. Le baron Duperré m’a dit qu’il est vrai que dix mille hommes d’infanterie de marine se trouvent actuellement à Cherbourg, mais que les corps destinés à faire partie de l’expédition ne sont pas encore désignés. Le général de Palikao n’aurait en aucun cas le commandement dans le Nord; le général Trochu occuperait probablement ce poste important. L’amiral-ministre de la marine a bien réellement déclaré qu’au cas où on ferait droit à la demande du prince Napoléon, il ne se mettrait pas à la tête des flottes dans la Baltique.

Le baron Duperré m’a dit encore qu’il croyait fort difficile d’opérer un débarquement sur les côtes du Hanovre — que l’on serait forcé de le faire dans la Baltique.

Le journal officiel de ce matin annonce que le gouvt. de l’Empereur a donné les ordres aux commandants des forces de terre et de mer afin qu’ils se conforment, à l’égard des puissances neutres, conformémt. aux principes posés dans la déclaration du Congrès de Paris du 16 avril 1856. . . .

L. Moltke-Hvitfeldt.

T. h. A. Je viens de voir M. de Gramont. La nomination du prince Napoléon au commandemt. des forces de terre de l’expédition et ayant le général Trochu pour chef d’état major, ce dernier assumant probablement sur lui toute la responsabilité, est décidée. Il y a entente parfaite entre le prince, le général Trochu et l’amiral Bouët Willaumez. Voilà ce que m’a affirmé M. le Ministre des Affaires étrangères. L’amiral Fourrichon commandera dans la mer du Nord. Les. 558corps expéditionnaire, qui sera probablemt. composé de troupes venant d’Afrique, ne partira que vers le 20 août. Le chargé d’affaires de Russie, M. Okouneff a fait, d’ordre de son gouvt., une démarche auprès de M. de Gramont afin de lui demander que la neutralité du Danemark soit respectée par la France. Une démarche analogue a été faite par la Russie à Berlin. M. de Gramont a répondu qu’il n’avait pas reçu de la part du Danemark une déclaration de neutralité. M. Okouneff ayant alors demandé au duc ce que ferait le gouvt. de l’Empereur quand il recevrait la déclaration de neutralité en question, le Ministre lui a répliqué qu’il ne pouvait a priori se prononcer sur un document qu’il ne connaissait pas et sans avoir pris les ordres de l’Empereur. M. de Gramont m’a dit que dans les circonstances actuelles il attachait un très grand prix à ce que l’on mit le plus de retard possible à Copenhague à déclarer la neutralité; d’après le désir qu’il m’en a exprimé je télégraphierai aujourd’hui dans ce sens à Votre Excellence. Le Ministre a également appuyé sur l’importance qu’il attache à ce que la déclaration de neutralité du Danemark se réserve une porte de sortie. — Il m’a demandé, ce qui est bien naturel, le plus grand secret sur tout ce qu’il m’a communiqué et m’a dit qu’il n’en avait pas parlé à M. de Metternich. Il m’a également exprimé le désir que le plus grand mystère soit gardé vis-à-vis de la Suède.

L’Empereur a engagé M. Fremy, directeur du Crédit foncier, à faire ce qui serait nécessaire afin de faciliter tous les arrangemens financiers que pourrait désirer le Danemark. M. Fremy l’a promis. M. Bamberger qui est dans ce moment chez moi, me dit que néanmoins M. Fremy oppose des difficultés aux arrangemens en question. J’ai l’honneur de cijoindre une lettre que M. Bamberger adresse à ce sujet à M. Tietgen. —

Le duc de Cadore part demain, à ce que m’a dit M. de Gramont.

L. Moltke-Hvitfeldt.

Depeche Nr. 68.