Vind, Carl Rudolph Emil BREV TIL: Rosenørn-Lehn, Otto Ditlev FRA: Vind, Carl Rudolph Emil (1872-12-03)

Kammerherre Vind, Gesandt i St. Petersborg, til Udenrigsminister Baron Rosenørn-Lehn.
St. Pétersbourg, 3 décembre/21 novembre 1872.

Monsieur le Baron,

Lorsque ce matin, j’avais l’honneur de présenter au prince Gortchacow le secrétaire de légation baron de Gyldenkrone, arrivé ici le 30 dr., le chancelier me parla spontanément de la lettre, que S. M. le Roi, pendant l’entrevue des trois Empereurs à Berlin cet été, avait adressé à S. M. l’Empereur Alexandre à propos de l’exécution de l’article V du traité de Prague. 2)

Le prince me dit que l’Empereur avait reçu cette lettre la veille de Son départ, et que S. M. en avait sans doute parlé à l’Empereur d’Allemagne, à qui il croyait que l’Empereur s. 150avait communiqué la lettre du Roi. 1) Ce qui en était résulté depuis il ne sut pas trop. J’ai répondu au prince Gortchacow, que je connaissais la démarche, que S. M. le Roi avait faite auprés de S. M. l’Empereur; que le moment alors avait paru opportun au gouvernement du Roi de faire voir à Berlin, qu’au moins, nous ne considérions pas cette question comme morte; que le voyage de Mgr. le Grand-Due Héritier de Copenhague à Berlin s’était prété à cette com- binaison. J’ai ajouté, que j’avais compris que Mgr. le Grand- Due Héritier avait déclaré à S. M. le Roi à Son retour à Copenhague, que l’Empereur, en réponse à la lettre du Roi, avait l’intention d’écrire à Sa Majesté. Le chancelier m’a paru ignorer ce dernier point. II m’a dit évasivement, que l’Empereur sans doute répondrait, s’il ne l’avait pas déjà fait, que S. M. répondait toujours etc; que du reste, l’amitié que l’Empereur portait au Roi était connue. Quant à lui, il avait souvent parlé de cette affaire à Berlin, méme jusqu’à importunité. Il avait fait remarquer au Roi-Empereur, que Lui si puissant pouvait bien consentir à un arrangement; mais toujours sans résultat. J’ai dit au prince Gortchacow, que nous reconnaissions parfaitement ses efforts en notre faveur; que leur non-réussite jusqu’à présent était d’autant plus regrettable, qu’il me semblait, que tout le monde avait un intérét à voir aboutir cette affaire à une bonne fin. Le prince a reconnu cela, mais a fini par me répéter qu’il avait fort peu d’espoir d’arriver à une solution.

Le prince Gortchacow devait ce matin encore se rendre auprés de l’Empereur, rentré ce matin définitivement de Czarskoe Zélo, pour travailler avec Sa Majesté.

Le prince en parlera-t-il de cette affaire à l’Empereur? Je n’ai pas cru opportun d’engager le prince Gortchacow à le faire.s. 151La cour de Mgr. le Grand-Due Héritier rentre également aujourd’hui de Czarskoe Zélo. S. M. ITmpératrice est attendue ici aprés-demain.

E. Vind

Depeche Nr. 23.