Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon BREV TIL: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind FRA: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon (1867-02-23)

Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i Paris, til Udenrigsminister Grev Frijs.
Paris, 23 février 1867.

Monsieur le Comte,

Je m empresse de porter à la connaissance de Votre Excellence que le gouvernement impérial a cru devoir faire une démarche auprès du cabinet de Berlin touchant l’affaire du Slesvig du Nord.

Il me revient en effet de source certaine que M. le Ministre des Affaires étrangères a chargé monsieur Benedetti par dépêche du 19 d. c., d’entretenir M. de Bismark de las. 366question. — »N’ayant pas signé le traité de Prague, écrit monsieur de Moustier, nous ne nous reconnaissons pas le droit d’exiger l’exécution des engagements qu’il renferme; nous espérons toutefois que monsieur de Bismark voudra bien, en regard des bons rapports existant entre la Prusse et la France, nous faire connaître ce qu’il compte faire dans cette question«.

Cette démarche est, ainsi que Votre Excellence le sait, la première ayant un caractère officiel qui ait été faite par le gouvernement de l’Empereur concernant l’affaire du Slesvig depuis la conclusion de la paix définitive entre la Prusse et l’Autriche; l’opportunité de la démarche même aura sans doute paru justifiée d’une part par les dispositions sympathiques à la Prusse exprimées tout récemment dans le discours de la couronne, de l’autre par le résultat significatif que viennent d’avoir les élections dans le Slesvig.

Je n’ai pas depuis longtemps entretenu monsieur le Ministre des Affaires étrangères de la question qui nous intéresse si vivement; mais j’ai profité d’une occasion récente pour en parler tant à monsieur St. Vallier, chef du cabinet du Ministre, tant à monsieur Desprez, directeur des affaires politiques. Sur ma demande ces messieurs m’ont avoué que depuis fort longtemps la correspondance diplomatique avec Berlin ne renfermait pas un seul mot touchant notre affaire. Dans le courant de la conversation, il a été question de la partie du Slesvig que la Prusse pourrait, le cas échéant, être disposé à nous rétrocéder, et je n’ai pas manqué de mettre en avant comme suggestion toute personnelle l’idée que le Danemark s’engageât à ne pas fortifier Düppel et Als s’ils lui étaient restitués. — »De cette façon — dis-je à ces messieurs, le principal argument que le cabinet de Berlin oppose à la rétrocession de ces deux points se trouverait écarté«.

L. Moltke-Hvitfeldt.

Modtaget 26. Februar 1867. — Den omtalte franske Ordre af 10/2 findes i Koncept, Aff. étr. Prusse T. 301 f. 294.