Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind BREV TIL: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon FRA: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind (1869-11-26)

Udenrigsminister Grev Frijs til Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i
Paris
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Copenhague, 26 novembre 1869.

M. le Comte.

Bienque les assurances que le prince de la Tour d’Auvergne vous a données dans votre dernière conversation, quant à l’intérêt sympathique avec lequel l’Empereur suit la question slesvigoise, m’aient été très agréables, il y a pourtant dans votre relation un passage qui m’a un peu étonné. Vous comprenez facilement que je veux parler de l’observation que fit le Ministre, qu’il savait par les rapports de M. Dotézac, que le gouvt. du Roi improuvait la récente démonstration des Slesvigois. C’est là une erreur et M. D. a dû se méprendre sur le sens de mes paroles, s’il a cru pouvoir rendre ainsi les conversations que nous avons eues ensemble sur cet incident. J’ai constaté vis-à-vis de lui que le gouvt. du Roi avait été parfaitement étranger à cette démonstration qui ne pourrait que perdre en valeur si elle était erronément regardée comme ayant été plus ou moins inspirée d’ici, et lorsque M. Dotézac a demandé mon opinion sur la prétendue intention de la députation de se rendre à Vienne pour le cas où elle ne serait pas reçue à Berlin, je ne lui ai pas dissimulé que je regarderais une telle démarche comme une faute en ajoutant pourtant que j’étais convaincu que le même esprit de légalité et d’ordre, dont les actes des Danois du Slesvig avaient toujours porté l’empreinte, ne se démentirait pas non plus dans cette occasion — supposition dont l’expérience a plus tard suffisamment prouvé la justesse.

Mais quant à la démonstration elle-même je ne me permettrais certes jamais de condamner une manifestation tranquille et légale d’un voeu si bien fondé de la part d’une nationalité opprimée, quand même elle n’aurait pas été faite en faveur du Danemark et par une population que nouss. 280sommes fiers d’appeler nos frères. On peut juger de manière différente de l’effet pratique dans le moment actuel de cette démonstration et l’on pouvait craindre que les autorités prussiennes ne réussissent par le moyen d’intrigues et d’intimidations à diminuer la force de cette protestation, mais tout le monde doit reconnaître le droit des danois dans le Slesvig à rappeler au gouvt. prussien une promesse formelle de l’accomplissement de laquelle dépend leur avenir entier, et moi personnellement je regarderai toujours comme opportune et utile toute manifestation qui rappelle à l’Europe la justice méconnue de la cause danoise dans le Slesvig et qui fortifie le sentiment national de cette population elle-même par l’expérience de son unanimité et de sa spontanéité — à la condition bien entendue toutefois, que de telles manifestations resteront toujours dans les limites de la loi et de l’ordre.

Je vous prie M. le Comte de saisir la première occasion qui se présentera pour remercier le prince de la Tour de sa sympathie pour le Danemark mais en même temps de rectifier une erreur, que je tiens fortement à coeur de ne pas laisser subsister sur la manière de voir du gouvt. du Roi au sujet des Slesvigois.

Koncept med P. Vedels Haand til Depeche Nr. 4.